Passionnée d’histoire, je conjugue au présent les savoir-faire traditionnels pour susciter les créations de demain. La connaissance des traditions et la maîtrise de nouvelles techniques permettent de sauvegarder ce patrimoine qui trame notre existence : le textile. Dans mon atelier, j’associe les éléments et travaille les impressions pour donner du sens à la matière. Le textile est le reflet du réel, il lui donne une forme et en rehausse les couleurs. Parfumées au minéral ou au végétal, brassées à la poésie ou la peinture, ses fibres distillent une substance qui invite au recueillement et à la réflexion.
Le textile est omniprésent dans nos vies, représentation de nos vies intérieures. Il est aussi un lien entre toutes les civilisations de notre terre. Depuis la nuit des temps, l’homme a cherché à assembler des fibres pour se vêtir. Devenu une technique d’expression, il devient du « textile inutile » ô combien nécessaire ! Il rejoint ainsi les arts majeurs que sont l’écriture, la peinture, la sculpture…
C’est dans ce sens que je travaille la matière.
Après des études d’histoire, ce sont des rencontres, qui m’ont ouvert ce monde très féminin et très exigeant. Après une formation de tapissière, afin d’affiner ma connaissance de la matière, j’ai eu l’honneur de travailler avec des artistes qui ont développé une écriture très personnelle et reconnue au plan international : Fanny Viollet, Anne Marie Bertrand… pour ne parler que des françaises, mais aussi des artistes européennes lors de masters classes : Jean Beaney, Jane Littlejohn, Sandra Meech, Cas Holmes… J’ai organisé des expositions sur cet art pour la ville du Mans où je réside et travaillé avec les Musées du Mans pour l’organisation de manifestations regroupant des artistes européennes.
Ma pratique part de draps anciens, blancs ou naturels. Parfois reprisés, ils portent déjà en eux, une histoire, une trace. Je vais y appliquer des dentelles anciennes, elles aussi témoignage du temps et de l’appartenance à un territoire puisque chaque région a sa propre identité textile. Ensuite, les teintures vont intervenir : naturelles ou chimiques, selon les tableaux, elles ont pour but de donner les couleurs des endroits évoqués. La broderie est indispensable dans mes tableaux pour son histoire, ses textures, des gestes et son lien avec le traditionnel. Les points peuvent être relus, déformés, amplifiés, travaillés avec des nouveaux matériaux tels que ficelles, fils électriques, rubans de cassettes…. Si vous voyez des papiers dans mon travail, ils viennent de deux sources : papiers anciens retrouvés, donnés ou papiers faits à l’atelier : là encore, ils doivent faire sens et être porteur eux aussi d’une histoire.
Enfin, le sens de mes tableaux est de parler des territoires. Je sillonne beaucoup la France à la recherche des métiers d’art afin de les faire connaître, les redécouvrir. Je suis touchée par ces villages abandonnés, ces couleurs de murs de pierre qui ont vu tant d’époques passer, les ambiances des ateliers. J’ai vu tant de maisons abattues, éventrées avec les papiers peints qui témoignent des vies de leurs habitants. Les peintures écaillées sur les portes sont aussi le témoignage de ce temps qui passe et le symbole de la porte ne peut me laisser de marbre. Je photographie beaucoup mais ensuite, ne regarde que très peu ces instantanés. L’instant de la photo me permet de mémoriser, de choisir mon angle, de cadrer mon regard. Lorsque je prends les matières à l'atelier, j’ai déjà fait mes choix de couleurs, de cadrage. Le travail à l’encaustique vient ensuite donner l’aspect mystère que je recherche tout particulièrement.
Retrouvez-moi aussi sur mon site : http://Atelierdegenevieve.fr